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district, ou plus récemment (M. de Tocqueville, par exemple) par le mot commune, qui n’est pas très-exact. Le township est une division territoriale comme le canton, et peut contenir plusieurs communes. Dans la Nouvelle-Angleterre il comprend en général de cinq à six milles carrés, et de deux à trois mille habitants.

Ces communes (je me servirai de ce nom faute d’un meilleur) sont aujourd’hui maîtresses de leurs affaires intérieures, et s’administrent librement par des officiers que le peuple choisit tous les ans ; mais dans l’origine, lors de la première colonisation, quand le pouvoir central était plus faible, et les intérêts généraux moins développés, leur indépendance était encore plus grande. Chacun de ces municipes était une petite république. S’il envoyait des délégués à la cour générale, c’était pour un petit nombre d’affaires d’un intérêt commun, comme font aujourd’hui les États, quand ils envoient des députés à Washington. L’Amérique était dès lors organisée à l’inverse de nos idées ; en France la vie va du centre aux extrémités, et c’est l’État qui accorde des libertés à la commune ; dans la Nouvelle-Angleterre la vie va des extrémités au centre, et c’est la commune qui concède à l’État quelques-uns des droits de la souveraineté. On ne trouverait personne en Amérique qui reconnût à l’État le droit d’intervenir dans la direction des intérêts