qu’il n’y a qu’un Dieu, qui rejettent la divinité de Jésus, le péché originel, et l’éternité des peines de l’enfer, et qui voient dans le Christ non pas un médiateur mort pour sauver les hommes, mais un modèle à imiter. Seulement, tandis que le déisme reste ici à l’état d’opinion individuelle, en Amérique il fonde une Église ; il a ses apôtres, sa doctrine, sa morale et ses prosélytes. Ce qui chez nous est philosophie, là-bas est religion.
Je reviens aux premiers temps de la colonie. On n’a pas oublié la sévérité religieuse des premiers puritains ; pour eux l’État n’était, à proprement parler, qu’une Église ; aussi la morale, qui chez tous les peuples croyants est une dépendance de la doctrine, et qui par conséquent relève du prêtre, se trouvait soumise au ministre magistrat ; et par une conséquence logique, quoique bizarre en apparence, les délits moraux se transformaient en délits civils, et ceux-ci en délits de conscience. Vous vous rappelez les lois bleues du Connecticut.
Avec le progrès des lumières, la séparation de l’Église et de l’État s’est faite, et plus complètement en Amérique qu’ailleurs, puisque aujourd’hui le culte est une association privée soutenue par les contributions volontaires de chaque communion ; mais la moralité publique a conservé quelque chose de son caractère primitif, et dans