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l’exemple fatal du crime triomphant, mais l’exemple bienfaisant du patriotisme et de la vertu. En moins de cinquante ans, grâce à la sève puissante de la liberté, on a vu s’élever un empire basé non pas sur la conquête, mais sur la paix et l’industrie ; un empire qui, avant la fin du siècle, sera le plus grand État du monde civilisé, et qui, s’il reste fidèle à la pensée de ses fondateurs, si l’ambition n’arrête point le cours de sa fortune, offrira au monde le spectacle inouï d’une république de cent millions d’hommes, plus riche, plus heureuse, plus brillante que les monarchies du vieux continent. Voilà l’œuvre de Washington !

Malgré tout l’éclat de son génie, César a laissé un nom sinistre, et qui signifie despotisme. Le nom de Washington est bien plus que celui d’un fondateur d’empire ; Washington ouvre une ère nouvelle dans l’histoire ; plus grand que César, il a défait l’œuvre du Romain ; il a fait cesser le funeste divorce que César a introduit sur la terre, il a réconcilié le monde avec la liberté !

Et Washington n’est pas seul en Amérique ; un génie égoïste comme César n’a autour de lui que des instruments et des subalternes ; chacun se plie à la pensée du maître. Une âme généreuse et amie de la liberté, comme était Washington, appelle autour de soi tous les honnêtes gens, et provoque partout le patriotisme et le dévouement.