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Yes ! One — the first — the last — tho best,
The Cincinnatus of the West,
Whom envy dared not hate,
Bequeath’d the name of Washington
To make man blush there was but one[1].

Washington est-il aussi grand que le fait Byron ? Oui, et on le verra bientôt si on veut le comparer aux plus illustres personnages. Qu’on prenne pour exemple ce César qui a tellement ébloui les hommes, que chacun à l’envi lui pardonne ses crimes et s’incline devant la grandeur de ses forfaits. Washington ne pâlira pas devant ce héros de l’empire romain. Sans doute le général américain n’avait ni l’esprit ni les ressources du vainqueur de Pharsale ; il vivait dans une société pauvre et frugale, et ses concitoyens ressemblaient plus aux contemporains de Cincinnatus qu’à ceux de Cicéron ; mais quelle différence morale entre ces deux hommes, et à ne considérer que le génie politique, que l’un est grand, et que l’autre est petit !

Si en ces deux rivaux on estime ce qui est de l’homme, et non point de la nature ou du siècle, je veux dire la volonté, Washington ne le cède

  1. « Où se reposera l’œil fatigué de regarder les grands ? où trouvera-t-il une gloire qui ne soit pas criminelle, une pompe qui ne soit pas méprisable ? Oui, il est un homme, — le premier, — le dernier, — le meilleur de tous, le Cincinnatus de l’Ouest, que l’envie même n’osa pas haïr. Il nous a légué le nom de Washington pour faire rougir l’humanité de ce qu’un pareil homme est unique dans l’histoire. »