tablir le travail en commun, la propriété commune. Le résultat de cette erreur ne fut pas moins désastreux au nord qu’au midi, et peu s’en fallut que la première émigration ne pérît de misère et de faim.
Quelle raison avait décidé les exilés à établir ce régime rigoureux et stérile ? Suivant Bancroft, c’était un engagement avec la compagnie de Londres, intéressée dans les bénéfices de la plantation. Si l’on en croit Robertson, c’était une pensée religieuse, le désir d’imiter les premiers chrétiens. Mais quel que fût le motif, et quelle que fût l’ardeur des colons, il devint bientôt évident à New-Plymouth comme en Virginie, que la communauté fait violence à la nature humaine, en lui demandant à la fois deux choses qui s’excluent : une abnégation complète de tout intérêt personnel et un zèle infatigable pour l’intérêt d’autrui.
Les philosophes peuvent imaginer des communautés prospères, mais l’expérience et la raison démontrent qu’il n’y a là qu’un rêve, et non point un rêve trop beau, un idéal trop grand pour notre pauvre nature humaine (ce serait déjà un grand défaut qu’une théorie sans application possible et faite pour des anges), mais une méconnaissance complète de l’homme et de la liberté qui fait sa grandeur. Sans la propriété individuelle, l’homme n’a pas la pleine possession de lui-même ; il n’est