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des bras encouragea l’émigration des gentilshommes et des gens aisés, qui vécurent en Virginie dans de grands domaines, isolés, indépendants. Le pays est coupé par une multitude de rivières qui rendent le transport facile ; sur le bord de ces cours d’eau s’établirent de riches planteurs, véritables suzerains féodaux, au milieu de leurs nègres et de leurs engagés. Il n’y avait point d’industrie, le tabac était la culture par excellence ; on ne vécut donc pas dans les cités, et au commencement de la révolution, Williamsburg, la plus grande ville de la Virginie (et la Virginie était alors la colonie la plus considérable), Williamsburg n’avait pas plus de deux mille habitants. En vain on essaya d’encourager le peuplement des villes par des chartes de cohabitation, en vain on exigea de chaque comté qu’il bâtit et possédât un certain nombre de maisons à Jamestown ou à Williamsburg, les nécessités et les charmes de la vie du planteur firent qu’on laissât ces maisons sans habitants. « Les lois, suivant la fine expression de Jefferson[1], disaient bien qu’en tel endroit il y aurait une ville, mais la nature disait non, et la nature avait le dernier mot. »

Le riche planteur vivant sur son domaine, où il ne voyait que des hôtes ou des serviteurs, membre de l’Assemblée, colonel et juge de paix

  1. On Virginia, p. 157.