nos champs de bataille que se décidait la possession des colonies de la France, de la Hollande et de l’Espagne.
Aujourd’hui que l’Amérique anglaise, comme l’Amérique espagnole, comme l’Amérique portugaise, ont conquis leur indépendance, et pris place parmi les États, il semble que toute distinction d’origine est effacée entre les métropoles et les colonies, et qu’il n’y a plus qu’un monde et qu’une politique. Européens ou Américains, nous devons redouter la tyrannie, de quelque côté qu’elle vienne, et surtout la tyrannie des mers, moins saisissable et non moins dangereuse que l’oppression d’un conquérant. L’intérêt de tous est donc qu’il n’y ait point une puissance trop grande et qui mette en danger la paix générale. Sans doute l’Europe n’a plus le droit d’aller coloniser à son profit des territoires qui sont la propriété d’États souverains. Mais cela n’a rien de commun avec la prétention qu’affichent les États-Unis d’exclure l’Europe de toute intervention dans les affaires américaines. Ce qu’ils poursuivent ainsi, ce n’est plus la neutralité que conseillait Washington, c’est une politique d’action ; c’est le droit de conquérir le Mexique comme on a conquis la Californie, et d’accomplir la prophétie de Vergennes en substituant partout la race anglaise à la race espagnole. Il y a là un danger sérieux, et il semble impossible que l’Europe accepte une pareille dé-