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pêcher une telle union, sous prétexte que cela dérange la balance des pouvoirs qu’elles désirent maintenir parmi nous.

Il y a près d’un quart de siècle que dans le message d’un de mes prédécesseurs (Munroe), fut distinctement annoncé au monde ce principe, que les continents américains, par la position libre et indépendante qu’ils ont prise et qu’ils maintiennent, ne doivent plus être considérés désormais par les puissances européennes comme un pays ouvert à des colonisations nouvelles. Ce principe doit être maintenu avec une énergie bien plus grande encore, si c’est dans l’Amérique du nord qu’une puissance d’Europe essaye d’établir une nouvelle colonie.

Dans les circonstances présentes il est à propos de réitérer, d’affirmer une seconde fois le principe émis par M. Munroe, de déclarer combien j’en avoue la sage politique. Nous respecterons tous les droits existants des nations européennes ; mais pour notre sûreté, dans notre intérêt, la protection de nos lois doit s’étendre par tout notre empire, et nous devons annoncer hautement au monde, comme notre politique certaine, qu’à l’avenir, aucune colonie européenne ne s’établira de notre aveu sur une part quelconque du nord de l’Amérique.

Comprenez bien toute la gravité de cette politique, qui sépare le nouveau continent de l’ancien, et oppose l’Amérique au reste de l’univers ; il y a là, pour l’avenir, un fait d’une portée extrême. Jusqu’à la déclaration d’indépendance, l’Amérique ne pesait pas dans la balance politique, le mouvement du monde était celui de l’Europe. Les colonies étaient des satellites qui suivaient le sort de l’astre principal, et c’était sur