Page:Laboulaye - Études sur la propriété littéraire en France et en Angleterre.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

§ IV.

Conclusion.


Jusqu’à présent j’ai raisonné en homme d’affaires, et je ne doute pas que ces arguments ne semblent indignes de la majesté des lettres li certaines gens qui vivent dans les nuages. Quoi, diront-ils, toujours des questions d’argent ? Est-ce donc pour cela qu’on écrit ? Y a-t-il quelque chose de plus honteux que

                                            Ces auteurs renommés
        Qui, dégoûtés d’honneurs et d’argent affamés,
        Mettent leur Apollon aux gages d’un libraire,
        Et font d’un art divin un métier mercenaire ?

N’en déplaise à Boileau, qui ne refusait pas les bienfaits du grand roi, il faut descendre à ces considérations vulgaires, quand on défend son bien contre ceux le prennent. Je ne sais pas si vivre de ses œuvres littéraires est quelque chose de grossier et de matériel, mais je sais qu’il n’y a rien de plus matériel ni de plus grossier que la contrefaçon. À entendre les adversaires de la propriété littéraire, il semble toujours que les contrefacteurs n’aient souci que de répandre les idées d’autrui et d’éclairer le monde : je ne leur vois d’autre ambition que de s’emparer du bien d’autrui sans payer. Pour leur répondre, il faut donc raisonner comme eux.