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moins de valeur , puisque le libraire acquéreur craindra tou jours que l’édition avec notes ne fasse tomber la première. Le public aime les notes dans lesquelles il croit trouver deç passages éclaircis , des allusions expliquées, des recherches qui favorisent sa paresse , et qui ne font le plus souvent qu’appesantir le volume et en augmenter le prix. Favoriser ces superfélations littéraires, n’est-ce pas provoquer un brigandage contre lequel on s’est si souvent, si justement récrié ? N’est-ce pas inviter les lourds et avides frelons k s’emparer du miel de l’industrieuse abeille ? Pourvu qu’ils le souillent, U leur appartiendra ! et l’on parle de l’avantage des gens de lettres ! Tels sont, Monseigneur, les motifs qui ont déterminé l’arrêt du 30 août 1777 , ceux au moins qu’on trouve exprimés dans le préambule. Nous croyons pouvoir nous flatter de les avoir détruits et de vous avoir convaincu qu’ils sont chimériques.

Examinons maintenant si l’objet que parait s’être proposé l’arrêt est plus réel, et surtout s’il est mieux rempli. L’arrêt remplit mal son objet.

Cet objet est, d’une part, d’exciter entre tous les imprimeurs une émulation favorable aux progrès et à la perfection de leur art.

Ah ! Monseigneur , combien les moyens que l’on a employés sont peu d’accord avec le but que l’on a annoncé ! Cet art qu’on veut encourager , dont on a tant à cœur de favoriser les progrès, de hâter la perfection, on l’écrase de la taxe oppressive des permissions ; c’est le contre-pied de ce que toutes les administrations ont pratiqué de tous les temps. 11 ne le remplit point à l’égard des auteurs. On a aussi prétendu augmenter l’activité du commerce. Oui : si l’on entend par activité cette fermentation du désordre, cette agitation convulsive qui précède ou qui amène la