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toujours cherché à lui inspirer, et qui est le véritable principe de son organisation. Tout en manifestant hautement ses sentiments pour ses Princes légitimes, elle ne s’est jamais crue dégagée de ses devoirs envers ses concitoyens ; lorsqu’il n’a plus été en son pouvoir de défendre le Roi, elle s’est attachée à protéger sa capitale, son palais, je dirai même son auguste souvenir, en empêchant qu’aucun désordre ne troublât les dispositions de son départ, la courte durée de son absence, l’allégresse de son retour ; à l’abri de cette institution tutélaire, une population immense a vu s’opérer sous ses yeux la révolution la plus étrange, et qui pouvait être la plus sanglante, sans avoir eu des malheurs particuliers à déplorer avec le malheur général, et une réunion de citoyens paisibles est devenue une force plus imposante peut-être que celle d’une armée, pour le maintien de l’ordre et la défense des propriétés.

Ce fut le 15 mars, huit jours après la nouvelle du débarquement de Bonaparte, qu’on apprit aux Tuileries le mouvement du général Lefèvre Desnouettes sur Paris. Mgr le duc de Berry se mit à la tête des troupes dont il put disposer, et marcha à sa rencontre. M. le général comte Dessolle jugea devoir alors renforcer le poste des Tuileries, et en donner le commandement permanent à un officier supérieur de l’état-major ; il choisit pour cette fonction le Cte Alexandre de Laborde, adjudant commandant, et le Cte de Caumont chef d’escadron, qui avaient mérité des éloges la veille en dissipant des attroupements séditieux[1]. Déjà le palais des Tuileries présentait l’aspect de l’inquiétude et de la consternation ; une foule de personnes

  1. Ordre du jour de la Garde nationale des 15 et 16 mars.