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QUARANTE-HUIT HEURES DE GARDE
AU
CHÂTEAU DES TUILERIES
PENDANT
LES JOURNÉES DES 19 ET 20 MARS 1815.


Il est certaines époques, certains événements, qui semblent appartenir tout entiers à l’histoire, et dont les moindres circonstances s’ennoblissent par la grandeur de la situation. Telles furent les deux journées malheureuses des 19 et 20 mars, et surtout cette nuit cruelle qui vit un monarque vénérable descendre à la fois de son trône et de son palais, au milieu d’une foule de sujets fidèles prosternés à ses pieds. Oh ! combien de souvenirs cette scène déchirante a laissés dans l’âme de ceux qui en furent les témoins ! et quelle tâche difficile elle impose à l’historien qui voudra chercher, non pas à peindre, mais seulement à retracer un pareil tableau ! Citoyen obscur, j’ai mêlé mes pleurs aux larmes de mes camarades ; écrivain plus obscur encore, je tâcherai de faire connaître leur émotion, leur zèle, et les fonctions pénibles qu’ils ont eues à remplir. Chargée seule de la défense du palais et de la police de la ville, la garde nationale n’a cessé d’être animée de cet esprit d’ordre, d’union, d’obéissance, que son excellent général avait