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retirer par les deux entrées latérales. Les officiers demandèrent à faire le service avec la garde nationale ; l’adjudant-commandant leur répondit qu’il était responsable de ses postes, et qu’il n’en pouvait dégarnir aucun : mais que, s’ils voulaient doubler quelques sentinelles, ils en étaient les maîtres ; et le poste de la fontaine présenta bientôt le singulier spectacle d’un officier en sentinelle portant la cocarde tricolore, et au nom de l’Empereur, à côté d’un grenadier de la garde nationale en cocarde blanche, avec la décoration du lis, et ne connaissant que le Roi.
Pendant ce temps on voyait arriver de tous côtés aux Tuileries de nouveaux personnages, des conseillers d’état, des ministres, des chambellans, dans leur ancien costume ; les contrôleurs de la bouche, maîtres-d’hôtel, et valets de pied en uniforme ou en livrée, reprenaient leur service tranquillement et sans bruit, comme si Bonaparte n’eût fait qu’une courte absence, ou que sa maison eût été conservée en l’attendant. Des femmes élégantes montaient les escaliers, remplissaient les salons ; et, ce qui est plus curieux, les mêmes huissiers se trouvaient déjà aux portes des appartements pour faire observer l’étiquette impériale.
Bonaparte devait arriver par l’arc du Carrousel, et une haie de sentinelles avait été disposée de ce côté pour y maintenir l’ordre ; mais, soit crainte de la foule, soit pour abréger, il fut ordonné de porter cinquante grenadiers près du guichet du pavillon de Flore ; les officiers de l’armée, qui occupaient le poste de la fontaine, voyant ce mouvement, s’y portèrent en foule ; et les personnes qui se trouvaient dans la salle des Maréchaux et le salon de la Paix coururent, à travers la salle de Diane, se placer