Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 09.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée
Gargaret.

Adieu !… Habille-toi !

Il sort par le fond.


Scène XI

Muserolle ; puis Juliette
Muserolle, seul.

Oh ! oui !… il m’a rendu un de ces services !… Ma femme me trompait… oh ! mais carrément ! Moi, je ne me doutais de rien, j’étais heureux, tranquille, confiant… tout le monde le savait et personne n’osait le dire… Eh bien, Gargaret a eu ce courage, il me l’a dit, lui ! il n’a pas craint de briser mon bonheur. Brave ami ! Ce que c’est que le hasard… Gargaret ne connaissait pas ma femme… il ne l’a jamais vue… Un jour, il se trouve dans un cabinet particulier avec… une bergère… qui tenait un bureau de tabac, rue des Prouvaires… Tout à coup, il entend dans le cabinet voisin le bruit d’un baiser… Naturellement, l’homme est curieux… il applique son oreille contre la cloison, et il entend une voix d’homme qui articulait ces mots : "Puisque Muserolle, ton cornichon de mari, — c’était moi, — va demain à la campagne, trouve-toi à midi au Musée, devant le Naufrage de la Méduse…" Admirez-vous le doigt de la Providence ?… Gargaret lâche sa bergère, paye l’addition et vient me conter la chose… J’étais dans mon fauteuil, ma calotte sur la tête, je lisais mon journal… Au premier mot, lui réponds : "Es-tu bête ? Ma femme ! une nature frêle, maigre, qui n’a que le souffle… c’est impossible ! " Il insiste… car il est énergique et tenace, ce Gargaret… sa conviction m’ébranle, et, le lendemain, à midi quatre… Je faisais mon entrée dans