Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 09.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dominique.

Voilà ! voilà ! je ne peux pas être partout à la fois.

Il sort après avoir posé le copie-lettres sur la table.

Muserolle, seul, se levant et agitant sa lettre pour la faire sécher.

Ce n’est pas sec… Elle m’avait dit : "Je couche le marquis à huit heures et demie, venez à neuf…" Alors j’ai acheté un chapeau… chacun a son amour-propre… je me suis rendu au rendez-vous, et… je n’aime pas à compromettre les femmes… (Souriant.) Elle a été très gentille !… très gentille… Nous avons pris une tasse de thé… jusqu’à deux heures du matin… et nous avons causé… causé comme autrefois ! c’est vraiment une femme charmante… (Riant.) Pauvre marquis ! elle m’a fait promettre de ne pas révéler le secret de notre mariage… Ca me va parfaitement… Il n’y a qu’un nuage dans cette soirée délicieuse : j’ai perdu mon couteau… J’y tiens… j’irai le chercher ce soir… je lui ai écrit un mot… badin, pour la prévenir de ma visite. (Lisant sa lettre.) "Ma grosse poularde… as-tu trouvé sur le tapis de ta chambre un couteau avec une scie, une lime et un tire-bouchon ? "

La voix du Marquis, au-dehors.

Dans le bureau ? Bien, j’y vais !…

Muserolle.

Le marquis ! Fichtre ! cachons ça ! (Il aperçoit le copie-lettres sur la table, l’ouvre vivement, y met sa lettre et s’assoit dessus ; à part.) Le voilà !… Il était temps !