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Gatinais.

Gaudiband, l’homme qui est devant toi a tenu tête aux orages populaires et a su braver les clameurs d’une populace en délire.

Gaudiband.

Toi ?… quand ça ?

Gatinais.

Tu me connais… je n’ai pas d’opinion… je suis pour le bonheur de la France !… Néanmoins, je fréquentais à cette époque les réunions populaires… On a beau dire… ça instruit toujours… Un soir, je me trouvais à Belleville, chez le père Tampon, qui louait sa salle de danse au club des Alouettes toutes rôties. Tout à coup, l’orateur qui était à la tribune propose carrément de supprimer le numéraire. Alors, je me penche vers mon voisin, et je lui dis… malicieusement, mais sans méchanceté : "Voilà un particulier qui me semble brouillé avec l’hôtel de la Monnaie !…" Aussitôt un grognement formidable sort des entrailles de la terre… vingt mille bras se lèvent, m’empoignent, me poussent, me bousculent… J’allais être écharpé, lorsque le père Tampon me fait disparaître par une petite porte et me cache dans son four pendant vingt-quatre heures ! Vingt-quatre heures dans un four… Voilà ce que j’ai fait.

Gaudiband.

Saprelotte !

Gatinais.

Voilà ce que j’ai fait, Gaudiband ! Et maintenant, douteras-tu encore de mon énergie ?

Gaudiband.

Non ! oh ! non ! et je te prie de me faire l’honneur d’être mon témoin.