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Edgard, descendant la scène.

Mademoiselle Julie, dont vous m’avez parlé !

Gaudiband, au milieu de la scène.

Voyons, franchement, l’aimes-tu ?

Edgard.

Mais je ne l’ai jamais vue.

Gaudiband.

Je vais te la dépeindre. Son père est un ancien marchand de fil de fer galvanisé… la mère est une femme ravissante, qu’on ne peut regarder sans être profondément troublé… elle n’a que six ans de plus que sa fille.

Edgard.

Comment, six ans ?… C’est une créole ?

Gaudiband.

Non, elle est de Bougival… Gatinais a eu sa fille d’un premier mariage…

Edgard.

Et comment est-elle ?

Gaudiband.

Mais c’est une demoiselle… très bien… qui joue du piano… Le père racle du violon… L’autre jour, il m’a un peu embarrassé… il m’a demandé ce que tu faisais.

Edgard.

Je suis avocat.

Gaudiband.

Oui, mais tu ne plaides jamais.

Edgard.

J’ai d’autres visées… plus hautes… J’ai l’espoir d’être nommé un jour secrétaire du secrétaire du parquet.