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Dervières, à part.

Il est drôle, le beau-père. (Haut.) Ma foi, monsieur, je n’ai encore brûlé ni l’Allemagne, ni la Prusse, ni l’Italie ; et je vous avouerai que l’occasion ne m’a jamais été présentée de consommer du quadrupède en question… mais…

Cravachon.

Pardon… dites-vous ça pour vous moquer de moi ?

Dervières.

Ah ! pouvez-vous croire…

Cravachon, reprenant sa première question.

Allez.

Dervières.

J’allais ajouter que je n’en crois pas moins posséder les qualités nécessaires au bonheur d’une femme (Une pause. — Cravachon reste dans la même attitude. — À part.) Eh bien ! il ne répond pas. (Haut.) Monsieur…

Cravachon.

Allez, j’écoute.

Dervières, à part.

Allons. (Haut.) Vous ne me connaissez que par quelques recommandations toutes bienveillantes, et vous désirez sans doute que j’entre dans quelques détails sur ma position et sur ma fortune… Orphelin fort jeune et seul héritier d’une famille…

Cravachon, immobile.

La fortune ne fait pas le bonheur… passons.

Dervières, avec étonnement.

Ah ! la fortune ne fait pas… (Se ravisant.) Vous venez de dire là une bien grande vérité, monsieur, car enfin qu’est-ce que la fortune ? Mon Dieu ! la fortune !… c’est un fait… une…