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Amélie.

Mon mari, M. Doffin, compromis dans une prétendue conspiration contre l’Empereur, a été arrêté, il y a huit jours, et conduit ici, dans la citadelle commandée par ton père.

Olympe.

Ah ! mon Dieu !… tu as un mari sous clé !

Amélie.

Et tu sais qu’un ordre impitoyable, mais motivé par quelques abus, ferme depuis un certain temps l’entrée de cette forteresse, de cette prison, à toutes les femmes quelles qu’elles soient… Pourtant, je ne pouvais abandonner ainsi mon mari.

Olympe.

Je crois bien !

Amélie.

Pendant que des amis puissants sollicitent à Paris son élargissement, j’ai voulu à toute force le voir, lui parler…

Olympe.

C’est si naturel !

Amélie.

Mais comment faire ? J’espérais d’abord que le titre de ton ancienne amie pourrait aplanir la difficulté… mais bientôt la réputation de l’inflexible commandant vint m’ôter tout espoir…

Olympe.

Alors ?

Amélie.

Alors j’ai pris un parti extrême, violent… j’ai pris les habits de mon frère l’officier, et, sous cette enveloppe, je viens affronter la consigne du major et solliciter mon laissez-passer.