Mon mari, M. Doffin, compromis dans une prétendue conspiration contre l’Empereur, a été arrêté, il y a huit jours, et conduit ici, dans la citadelle commandée par ton père.
Ah ! mon Dieu !… tu as un mari sous clé !
Et tu sais qu’un ordre impitoyable, mais motivé par quelques abus, ferme depuis un certain temps l’entrée de cette forteresse, de cette prison, à toutes les femmes quelles qu’elles soient… Pourtant, je ne pouvais abandonner ainsi mon mari.
Je crois bien !
Pendant que des amis puissants sollicitent à Paris son élargissement, j’ai voulu à toute force le voir, lui parler…
C’est si naturel !
Mais comment faire ? J’espérais d’abord que le titre de ton ancienne amie pourrait aplanir la difficulté… mais bientôt la réputation de l’inflexible commandant vint m’ôter tout espoir…
Alors ?
Alors j’ai pris un parti extrême, violent… j’ai pris les habits de mon frère l’officier, et, sous cette enveloppe, je viens affronter la consigne du major et solliciter mon laissez-passer.