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Cravachon.

Tu n’es pas artiste, toi… Ah ! si tu l’avais vu, ce brave jeune homme ! avec quelle modestie il s’est dérobé à mes félicitations… Il est parti, là, tout bonnement comme le premier venu… Je l’ai à peine vu, ce garçon-là, il me serait impossible de le reconnaître… (Regardant la pendule.) Diable ! déjà dix heures ! et moi qui suis témoin dans une affaire !

Olympe.

Encore !

Cravachon.

Oh ! presque rien… des commerçants, des mazettes ! des pékins !

Olympe.

C’est toujours la même chose ; quand vous ne vous battez pas, vous faites battre les autres !

Cravachon.

Il faut bien s’occuper… et prouver à l’Empereur que je ne suis pas encore un invalide, bien qu’il ne me juge plus bon qu’à faire un geôlier… Oh ! je lui en veux !… Moi, le major Cravachon, moi qui l’ai aidé à gagner la bataille de Marengo, m’employer à garder des prisonniers d’État, des conspirateurs !

Olympe.

De mauvaises têtes comme vous… et que pourtant vous traitez avec une rigueur…

Cravachon.

Ah ! dame ! je ne connais que ma consigne, c’est vrai.

Olympe.

Jusqu’à empêcher ces pauvres détenus de communiquer avec leurs femmes, leurs filles, leurs sœurs… Si ce n’est pas affreux !