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Suzanne.

Comment, déménagé ?…

Jean.

En ce sens qu’il a emporté tous les meubles de sa chambre.

Suzanne.

Mais ils sont à moi, ces meubles !

Jean.

Il les aura sans doute emballés par mégarde.

Suzanne.

C’est impossible ! Comment, il n’a rien laissé ?

Jean.

Oh ! si !… les chenets… et une lettre.

Il va frotter de nouveau les pincettes à la cheminée.

Suzanne, prenant la lettre.

Donnez… (Lisant.) "O vous que j’ose appeler ma nièce… je pars… il le faut… Je sens que je vais vous aimer !…" (Très flattée.) Tiens ! pauvre homme ! (Lisant.) "L’honneur me commande de fuir… J’emporte les meubles… ils me rappelleront votre image… Jamais je ne m’en séparerai." (Parlé.) Vieux filou ! (Lisant.) "Je vous renvoie votre photographie… elle me brise." Signé : "Le Commandeur de Bondy." (Parlé.) Et il se moque de moi par-dessus le marché… Oh ! je suis d’une colère !

Jean, à genoux devant la cheminée et frottant les pincettes, à part. - Pour une femme embêtée, c’est une femme embêtée !

Suzanne, à part.

Mais qu’est-ce que je vais devenir sans oncle ? Je dois aller au théâtre… Seule… c’est impossible !… (S’asseyant sur le pouf.) Où trouver un oncle ? (Apercevant Jean qui polit les