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Ernest, s’asseyant prés d’elle

Notre horizon s’éclaircit !… un bon feu… un bon souper et (lui prenant la main) Marie !… Permettez-moi de vous appeler Marie…

Marie, baissant les yeux

Je le veux bien, monsieur.

Ernest

Et vous… vous m’appellerez Ernest… plus tard !…

Marie, vivement

Oh ! Pas devant le monde !

Ernest

Non !… Quand nous serons seuls… tous les deux, votre main dans la mienne… comme en ce moment… moment délicieux ! (Se levant et à part.) Ah ! J’ai trop chaud maintenant… (Il ôte son paletot ainsi que son cache-nez. Marie laisse tomber son manteau sur sa chaise. Ernest, revenant s’asseoir prés d’elle.) Marie… permettez-moi de vous appeler Marie. C’est la première fois que je me trouve vraiment seul avec vous… car, en chemin de fer, nous avions dans notre compartiment… un capitaine de dragons dont la présence m’empêchait de vous exprimer tous mes sentiments…

Marie

Oh !… Il sentait affreusement le cigare ! Fumez-vous, monsieur ?

Ernest

Moi, je fume… c’est-à-dire… je fume quand on le désire…

Marie

Eh bien ! Moi, monsieur, je ne le désire pas !

Ernest

Cela suffit, mademoiselle, un mot de vous…