Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 07.djvu/149

Cette page n’a pas encore été corrigée
Un Garçon d’hôtel, entrant

Patron… Une lettre que le facteur apporte à l’instant,

Godais

Une lettre… donne. (le Garçon sort — lisant.) A monsieur Godais, maître d’hôtel à Fontainebleau. (Parlé.) C’est bien pour moi. (Lisant.) « Monsieur, je me marie aujourd’hui, j’arriverai à Fontainebleau avec ma jeune femme par le train de minuit cinq. (Parlé.) Comment ! Ce soir ! (Lisant.) Je désire un appartement confortable, pour y passer ma lune de miel. Faites faire du feu partout et préparez-nous un petit souper délicat. Je veux que ce soit très-bien ; je ne regarde pas au prix… (Parlé.) Il n’y a pas une minute à perdre. » (Remontant et appelant.) Auguste ! Auguste !

Auguste, dans la coulisse

Bonsoir, monsieur… Je suis couché !

Godais

Habille-toi… et viens tout de suite… tout de suite !

Auguste, dans la coulisse

Saprelotte !… qu’est-ce qu’il y a ?

Godais, seul, regardant sa lettre

Ah ! Il y a un post-scriptum. (Lisant.) « Vous me mettrez deux oreillers, je ne peux pas dormir la tête basse… cela fera trois oreiller, on comptant celui de ma femme… mais dans le cas où elle aussi aimerait à avoir la tête haute… ce que je ne sais pas encore… je vous le dirais… alors il nous faudrait quatre oreillers… Je ne regarde pas au prix… je veux que ce soit très bien. Recevez mes salutations.— Ernest de Maxenville. — Paris, le premier avril 1868. » (Parlé.) Je vais lui donner la chambre n°7… avec ce salon… c’est l’appartement réservé aux lunes de miel… Fontainebleau est très à la mode depuis quelque temps pour ces sortes d’expéditions.