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Bougnol.

Je n’y pensais plus… et tu as vu… à table, j’ai pas mal mangé… j’ai pas mal bu… j’ai fait mon petit chorus au dessert…

Chalandard.

Tu as été charmant… La belle-mère s’est levée trois fois pour t’embrasser.

Bougnol.

C’est un tic désagréable, ne parlons pas de ça… Tout à l’heure nous étions seuls, ma petite femme et moi… dans le chalet… au fond du jardin… Laure baissait les yeux… moi, j’étais gai comme un pinson… qui voit arriver le printemps. Nous causons… je lui prends la main.

Chalandard.

Passe… passe.

Bougnol.

Bref, je me disposais à lui débiter un compliment que j’ai appris pour elle… "Laure, ma chère Laure… enfin nous voilà seuls…" quant tout à coup cette maudite lettre se retrouve sous ma main… Je l’ouvre, et voici ce que je lis…

Il tire la lettre de sa poche.

Chalandard.

Voyons.

Bougnol.

Non… lis toi-même… ça me fait trop d’effet…

Il lui donne la lettre.

Chalandard, lisant.

"Monsieur, vous venez d’obtenir la main de mademoiselle Laure, au moment où j’allais la demander… Je l’aime ! il me la faut." (Parlé.) Oh ! oh !