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à un singe ou à un Savoyard… je les écris… Tous les soirs, je fais ma balance. Eh bien, il me manque un franc quatre-vingt-cinq. Il y a une fuite dans mon ménage.

Pénuri.

C’est bien drôle !

Montaudoin.

Et cela dure depuis un temps immémorial… Tiens… depuis la naissance de ma fille.

Pénuri.

Est-ce que tu soupçonnerais cette enfant ?

Montaudoin.

Qu’est-ce qui te parle de ça ? Comment supposer qu’en venant au monde, un enfant va prendre trente-sept sous à son père ?

Pénuri, avec importance.

C’est juste ! À cet âge, on ne sent pas encore l’aiguillon des intérêts matériels.

Montaudoin.

Comprends-tu ma position ? Etre volé depuis vingt ans ! tous les jours !… car le gueux ne se repose même pas le dimanche ! cela finit par porter sur les nerfs… Je deviens sombre, mon caractère s’aigrit, mes digestions se troublent… Je ne peux plus manger ni choux, ni crevettes, ni boudins… ça ne passe pas.

Pénuri, avec compassion.

Ah ! pauvre ami ! Tu n’as donc pas cherché un moyen pour pincer ton grec ?

Montaudoin.

Des moyens !… mais j’en ai cherché dix, vingt, cent !… Ils étaient tous mauvais.