Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 05.djvu/364

Cette page a été validée par deux contributeurs.

JULIE.

Non, monsieur… Quand je connaîtrai parfaitement l’histoire de la belle Bordelaise… nous verrons !

GAILLARDIN.

Tu le retireras ?

JULIE.

Peut-être…

GAILLARDIN.

Je vais te la raconter !

JULIE, vivement.

Un instant ! N’oubliez pas que vous parlez devant une femme !

GAILLARDIN.

Ne crains rien… ça peut se dire devant les demoiselles..(Entraînant Julie, et lui montrant le divan.) Il est neutre !… (Racontant.) Il y avait une fois un bûcheron et une bûcheronne… ils étaient bien pauvres et bien misérables… ils avaient sept enfants… âgés de cinq ans…

JULIE, étonnée.

Comment ! tous cinq ans ?

GAILLARDIN.

Oui… parce qu’il faut te dire que chez les bûcherons… un bonheur n’arrive jamais seul… il est toujours accompagné de plusieurs autres.

JULIE.

Votre histoire ?…

GAILLARDIN.

Ces gens-là étaient bien pauvres et bien misérables… mon Dieu, qu’ils étaient donc pauvres et misérables !… Un soir, le pain manqua… le bûcheron tout ému dit à la bû-