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Cocarel.

C’est égal, je le regrette… c’était mon étoile… Enfin ! allume dans le grand salon… et baisse les lampes… jusqu’à ce qu’on arrive.

Joseph sort par le fond à droite.


Scène II

Cocarel, seul, regardant à la pendule

Sept heures trois quarts… Si j’en crois sa dépêche : la belle Léonida ne tardera à arriver. (Tirant un papier de sa poche et lisant.) "Moi, venir à huit heures… moi, bien émue… moi, pas dormir…" Elle parle nègre, elle est peut-être créole… voyons son dossier. (Il va à son pupitre et prend sur la tablette de dessous des papiers.) Remettons-nous en mémoire les détails de sa personne. (Prenant une lettre et lisant.) "Je suis brune…" (Parlé.) Sapristi ! pourvu que ce ne soit pas une négresse !… c’est très difficile à écouler !… Cependant l’année dernière j’en ai réussi une… mais c’est un autre prix !… je prends dix pour cent sur la dot au lieu de cinq.(Lisant.) "Mon front est pâle…" Ah ! elle est blanche. (Lisant.) "Une tendre mélancolie, tempérée par une douce gaieté, brille dans mes yeux ; je suis distinguée de manières sans afféterie, expansive, douce…" (Parlé.) Elle entend le prospectus… (Lisant.)"Il ne m’appartient pas de parler de mon cœur ; mais, depuis mon enfance, je me suis dévouée à soigner un frère beaucoup plus âgé que moi ; c’est un vieillard goutteux, morose, désagréable… et cependant jamais une plainte ou un reproche ne s’est échappé de mes lèvres de roses. Enfin, si la personne me plaisait, je consentirais à habiter une petite ville bien située…"