Page:Labiche - Théâtre complet, Calman-Lévy, 1898, volume 03.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans l’almanach… et j’ai l’air d’un imbécile… ce qui est complètement faux… Quant à la fille, elle est charmante !… Quelle santé ! quel coloris ! (Mettant avec fatuité les deux mains dans les poches de son gilet.) Ah ! je ne crois pas que nos enfants soient réformés pour vice de constitution. (Tirant un médaillon de sa poche.) Tiens !… qu’est-ce que c’est que ça ?… Ah ! j’y suis !… Un médaillon… que je compte offrir à ma prétendue… Je l’ai acheté neuf francs chez un bric-à-brac… C’est le portrait de la belle Gabrielle… une farceuse du temps d’Henri IV… Je leur donnerai ça comme une allégorie représentant l’Amour contenu par l’Education !… Ca fera bien… ça me posera !… C’est qu’il s’agit de jouer serré : un prétendu doit boutonner ses petits défauts… À vrai dire, je ne m’en connais que deux… Je suis… (Hésitant.) je ne sais comment dire cela… je suis d’une faiblesse extrême avec le beau sexe… Oui, dès qu’une femme me regarde d’une certaine façon, en m’appelant : Eusèbe !… je cesse d’être un homme… je deviens un feu d’artifice !… j’ai du Ruggieri dans les veines !… Quant à mon second défaut, j’en demande pardon aux dames… mais je prise… j’aime à me fourrer du tabac dans le nez. (Tirant mystérieusement une tabatière.) Voilà l’objet !… Pendant que je suis seul… j’ai bien envie…

Il ouvre la tabatière et y plonge les doigts.


Scène VII

Dardenbœuf, Vancouver

Vancouver paraît au fond avec un panier à bouteilles et une chandelle allumée.

Dardenbœuf, l’apercevant.

Oh !

Il cache sa tabatière et laisse tomber sa prise.