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GAUDRION.

Certainement !… parce que les cancans, les ragots… Il y a des gens qui marchent là-dessus, et qui s’en flattent…

FRISETTE.

Oui… pour plus tard vous reprocher…

GAUDRION.

Ah ! fi donc !… Et puis, vrai, la… si vous aimez le petit !…

FRISETTE.

Si je l’aime !

GAUDRION.

Eh bien, dans son intérêt même… Primo, ça lui donne un père… au premier abord, ça ne semble rien… mais c’est très-utile dans la société… quand il sera grand, pour faire son chemin, faut un nom… sans ça, on végète, on vous regarde comme ça !…

FRISETTE, réfléchissant.

C’est pourtant vrai !

GAUDRION.

Et puis vous ne pouvez l’élever toute seule… ce n’est pas pour vous humilier, mais… une ouvrière… ça ne gagne pas… épais…

FRISETTE, fièrement.

J’ai des journées de deux francs, monsieur !

GAUDRION.

Là ! vous voyez bien !… deux francs !… une heure de fiacre !… v’là-t-y pas le Pérou !… Je vous défie bien avec ça de produire, dans le monde, autre chose qu’un raccomodeur de faïence !…