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Fadinard, se levant.

Air : Ces bosquets de lauriers

Il me le faut, monsieur… Remarquez bien
Ce que ces mots renferment d’énergie
Je t’obtiendrai, quel que soit le moyen,
Affreux produit de la belle Italie !
Veut-on le vendre ? Eh bien, je le paîrai
Le prix coûtant, plus une forte prime
Refusez-le ? soit ! je le volerai !
Il me le faut, monsieur… et je l’aurai…
Pour l’avoir, j’irai jusqu’au crime,
Je me vautrerai dans le crime.

Beauperthuis, à part.

C’est un voleur au bonsoir. (Fadinard se rassied et verse de l’eau chaude. Criant.) Aïe !… Encore un coup, monsieur, sortez !

Fadinard.

Pas avant d’avoir vu Madame…

Beauperthuis.

Elle n’y est pas.

Fadinard.

À dix heures du soir ?… C’est invraisemblable…

Beauperthuis.

Je vous dis qu’elle n’y est pas.

Fadinard, avec colère.

Vous laissez courir votre femme à des heures pareilles ?… ça serait par trop jobard, monsieur ! (Il verse énormément d’eau bouillante.)

Beauperthuis.

Aïe ! sacrebleu !… je suis ébouillanté ! (Il met avec fureur la bouilloire de l’autre côté.)