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Valtravers, Vertchoisi et Ulric

Hein !…

Olympe

Eh ! bien, ils sont une centaine comme ça dans Paris !… ça bourdonne, ça crie, ça grince contre la société ; ça déchire tout ce qu’on fait… et ça ne fait rien… ça n’est bon à rien… comme les hannetons !…

Valtravers, Ulric, Vertchoisi

Madame !

Olympe

Et un beau jour… ça crève en gants jaunes sur une paillasse… faute de matelas !…

Valtravers

Olympe !

Dumouflard et Gaudin

Bravo ! très bien !

Vertchoisi et Ulric

C’est un scandale !…

Olympe

Et pourtant, ils ont des bras !… et s’ils voulaient travailler… ils pourraient se faire pharmaciens ou pâtissiers… comme tout le monde !

Valtravers, Ulric et Vertchoisi

Travailler !

Dumouflard

Certainement, travailler !…

Olympe

Pourquoi pas ?

Dumouflard, à Valtravers.

Vous préférez donc vous faire nourrir par votre femme ?.., sapristi ! Monsieur, vous ne comprenez donc pas qu’il y a quelque chose de plus utile et de plus honorable à faire pour un homme… que de débiter des phrases creuses, et replâtrer l’air de Malborough… tandis que votre pauvre femme se piquera les doigts pour vivre !… et pour vous faire vivre !… vous n’avez donc pas de ça ?

Valtravers, attendri, pousse tout à coup un sanglot.

Heu !  !  ! si ! que j’en ai !  !  ! heu !… je suis une affreuse canaille !

Dumouflard

Eh ! bien, voyons !… voulez-vous une place dans mon usine ?

Valtravers, étonné.

Moi ? forgeron !

Dumouflard

Je vous emmène… j’emmène votre femme, elle tiendra la lingerie.

Valtravers

Deux places !

Dumouflard

Et nourri !