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Delphine, s’éloignant au bras de Vertchoisi.

Ma tante nous comprendra mieux.

Gaudin

Mais…

Vertchoisi, se retournant sur le seuil avec une suprême dignité.

Je respecte votre couronne…

Gaudin, intimidé et saluant.

Monsieur..

Vertchoisi, à part, en saluant.

Il est épaté !


Scène XIII

GAUDIN, PUIS ULRIC
Gaudin, ahuri.

Il respecte ma couronne ?… et il emmène ma nièce… Ah ça ! mais, je suis stupide, moi ! j’aurais dû lui répondre : « Monsieur, vous n’êtes qu’un polisson ! » Mais, avec leurs grandes phrases, on ne trouve jamais le mot sur le moment.

Ulric, entrant vivement par le fond avec un sac qui s’agite tout seul.

J’ai pincé le cygne… Il fait là-dedans une vie de polichinelle…

Gaudin

Hein ?

Ulric, à part.

Oh ! du monde !

Il cherche à dissimuler son sac.
Gaudin, très intrigué par les soubresauts du sac.

Qu’est-ce que vous portez donc là. Monsieur ? Qu’y a-t-il donc dans ce sac ?

Ulric, de très haut.

Prenez garde, Monsieur !… du soupçon à l’injure, il n’y a qu’un pas…

Gaudin

Mais il y a quelque chose dans ce sac !…

Ulric, avec amertume.

Ainsi donc, vingt-huit ans d’une vie de droiture et d’honneur ne sauraient mettre un homme à l’abri des imputations les plus stigmatisantes… Oh ! la société ! la société !

Gaudin, interloqué.

Ne vous fâchez pas…

Ulric

Assez, Monsieur !

Gaudin

Je n’ai pas eu l’intention…

Ulric, avec majesté.

Mon honneur est une vierge… enfermée dans une tour qui n’a pas d’escalier !