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GUÉRINEAU.

Non ! je ne veux pas que tu sortes… parce que quand les domestiques sortent, on les questionne… et quand on les questionne, ils répondent souvent des choses…

NAZAIRE, curieusement.

Lesquelles ?

GUÉRINEAU.

Chut !… ça ne te regarde pas !… Tu n’es ici que depuis deux jours ; retiens bien ceci : tu ne dois rien voir, rien entendre, rien dire !…

NAZAIRE.

Mais…

GUÉRINEAU.

Si jamais on te demande mon nom dans le quartier… ou celui de ta maîtresse…

NAZAIRE.

De madame ?… ou de mademoiselle ?… car je ne sais pas au juste…

GUÉRINEAU.

Tant mieux !… tu ne dois rien savoir !… tu répondras que tu ne les connais pas, nos noms…

NAZAIRE.

Bien, monsieur…

GUÉRINEAU.

Souviens-toi que nous avons renvoyé Marguerite, la cuisinière, parce qu’elle a osé dire chez le boucher que j’avais reçu une lettre de Fontainebleau… (Avec énergie.) Ne parle jamais de Fontainebleau !

NAZAIRE.

Oh ! monsieur, je n’en ai jamais parlé de ma vie, et ce n’est pas à mon âge que je commencerai.

GUÉRINEAU.

C’est bien… compte sur moi, je compte sur toi.

Air : Que la méfiance (M. de Saint-Cadenas).

Mystère et prudence !
Sois muet toujours,
Qu’un profond silence
Règne en tes discours.