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ment ! Quand tu es arrivée à Fontainebleau, j’allais commencer ; je revenais de Thomery avec mes cent kilos… Mais tu pleurais… tu parlais de mourir… Alors je t’ai suivie avec mon raisin, qui n’était pas déballé. (Montrant la chambre à gauche.) Il est là… dans cette chambre noire, dont j’ai condamné la fenêtre parce que le jour est contraire aux fruits… Je n’y laisse pénétrer aucun domestique… parce que les domestiques c’est encore contraire aux fruits.

AGATHE.

Mais il va se gâter.

GUÉRINEAU.

Non, je l’ai suspendu à des cordes… la tête en bas… et quatre fois par jour, j’entre là… je pèse ma ration et j’avale en marchant… On m’avait recommandé, de me promener en voiture dans la forêt… Enfin ! j’écris jour par jour sur un carnet tout ce que j’éprouve, et j’enverrai une note à mon médecin.

AGATHE.

Pauvre oncle, rassurez-vous, ce ne sera rien. (Elle se dirige vers la droite.)

GUÉRINEAU.

Je serais bien sûr de guérir si un pardon généreux me permettait de retourner à Fontainebleau.

AGATHE, vivement.

Pardonner à monsieur Darvel ! jamais.

GUÉRINEAU.

Agathe… Cécile…

AGATHE.

Jamais ! Jamais ! (Elle rentre dans sa chambre.)


Scène V

GUÉRINEAU, puis NAZAIRE.
GUÉRINEAU, seul.

Jamais ! (Avec mystère.) Je n’ai pas voulu le dire à ma nièce… mais tout à l’heure, en revenant du marché… il m’a semblé apercevoir de loin… son mari… le nez en l’air et regardant à tous les étages… S’il pouvait avoir trouvé notre piste !… J’avais envie d’aller