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GUERINEAU.

Comment ! toujours ! mais je ne peux pas m’appeler toute ma vie Duplantoir… la loi sur les titres s’y oppose ! Il faudrait supprimer le du, et ça ferait Plantoir ! Je ne peux pas vivre le reste de mes jours, caché comme un malfaiteur, dans un logement garni… mal garni… dont les cheminées fument !

AGATHE.

Ah ! mon petit oncle, vous êtes si bon ?

GUÉRINEAU.

Oui, je suis bon… Mais c’est ennuyeux quand on a une maison à soi, à Fontainebleau, avec des meubles, un jardin, un calorifère et une cave… c’est ennuyeux de coucher sur un lit de sangle et d’acheter du vin au litre… très-sur ?

AGATHE.

Oh ! avec beaucoup d’eau !…

GUÉRINEAU, vivement.

L’eau de Paris ne me réussit pas !… Et tout cela, pourquoi ?…

AGATHE.

Pourquoi ?… Vous me le demandez !

GUÉRINEAU.

Je sais que ton mari a des torts…

AGATHE.

Me tromper… après deux mois de mariage…

GUÉRINEAU, naïvement.

C’est trop tôt, j’en conviens…

AGATHE.

Hein ?

GUÉRINEAU.

Non ! ce n’est pas cela que je voulais dire… Mais, es-tu bien certaine ?

AGATHE.

Oh ! j’en ai la preuve… écrite… de la main de cette femme !…

GUÉRINEAU.

Oh ! la preuve !

AGATHE, tirant une lettre de sa poche, et très-animée.

La voici, cette lettre… que vous avez toujours refusé de lire.