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Scène XVII.

PIGEONNIER, puis HORTENSE.
PIGEONNIER.

J’aime autant ça… j’en serai quitte pour chercher deux nouveaux domestiques… (Voyant entrer Hortense par le fond.) Ah ! enfin… vous voilà !

HORTENSE.

Tiens, vous êtes seul ?… mon mari n’est pas là ?… [Hort. Pig.]

PIGEONNIER.

Il est auprès de ma femme. (Avec sentiment.) Il vous a donc abandonnée… l’ingrat ?

HORTENSE.

J’aime mieux ne pas l’avoir quand j’ai des visites à faire… Ce M. Bousseronde a si peu l’usage du monde !…

PIGEONNIER.

Dame !… un pharmacien de village…

HORTENSE.

Je sais bien que ça ne vaut pas un notaire…

PIGEONNIER, minaudant, en lui prenant la main.

Oh ! oh ! oh ! non !…

HORTENSE.

Croiriez-vous que je n’ai jamais pu le décider à porter des cravates blanches !… J’adore les cravates blanches ?

PIGEONNIER.

Vraiment ?

HORTENSE.

Mais non… M. Bousseronde ne comprend pas la distinction… Il est commun… trivial… vulgaire…

PIGEONNIER.

Oh ! continuez !… Continuez, ça me fait plaisir !

HORTENSE.

Comment !… ça vous fait plaisir que je dise du mal de mon mari… de votre ami ?…

PIGEONNIER, avec passion.

Mon ami ?… Dites mon rival !… (Avec feu.)

Air d’Yelva.
D’un cœur épris, je vous offre l’hommage…
Autour de nous tout est calme aujourd’hui.
En entendant votre divin langage,
Vous le voyez, je suis tout réjoui.