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PIGEONNIER, de bonne foi.

Je l’ai entendu dire… mais je ne l’ai jamais expérimenté… Eh bien, qu’as-tu fait ?

LEGALOUX.

Je m’ai assis en attendant qu’ils partent ou qu’il en vienne un quatrième… parce que quatre, ça porte bonheur, c’est de la richesse…

PIGEONNIER.

Tout le monde sait ça !

LEGALOUX.

Pour lors, au bout d’une heure, quand j’ai vu qu’ils ne voulions pas s’envoler… je m’ai levé…

PIGEONNIER.

Et tu as frappé dans tes mains pour les faire partir ?

LEGALOUX.

Oh ! non !… Ah ! sapredié ! j’avons pas pensé à ça !

PIGEONNIER.

C’est pourtant bien simple… avec un peu de présence d’esprit…

LEGALOUX.

J’avons rebroussé chemin tout doucement, tout doucement, et j’avons été faire un grand détour d’une lieue… v’là pourquoi que ça m’a retardé !

PIGEONNIER, l’examinant à part, en se levant.

C’est une brute !… mais il a l’air solide… (Haut, et lui tatant les bras.) Es-tu fort ? (Il passe à droite en le regardant.)

LEGALOUX. [Leg. Pig.]

Je monte mon sac au grenier… Est-ce que vous voulez de mé ?

PIGEONNIER.

Sais-tu écrire ?

LEGALOUX.

Oh ! oui… ça ne m’embarrassions pas…

PIGEONNIER, à part.

Ça me fera un clerc de rechange. (Haut.) Et pourquoi as-tu quitté ta place ?…

LEGALOUX.

Ah ! voilà… J’étions en service avec une bourrique…

PIGEONNIER.

Comment ?

LEGALOUX.

Oui… une fille hargneuse… Elle me fichait des coups à la journée…

PIGEONNIER.

Et tu te laissais-battre, toi, un homme qui monte son sac ?