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LES CHEMINS DE FER

die, » ce n’est pas cela ; « pour s’embarquer sur un paquebot, » ce n’est pas ça ; « pour se coucher. » (Riant.). Ah ! non !… c’est trop tôt… c’est égal… Je vais lui faire une corne… (Il corne la page.) Quand je dis qu’elle ne sait pas le français… elle l’a appris dans les poëtes… elle sait des tirades… Ainsi, l’autre jour, j’ai eu l’imprudence de lui dire cette simple phrase : À peine nous sortions des portes… de l’Opéra… elle s’est écriée : Oh ! yes !… et elle m’a égratigné tout le récit de Théramène, sans broncher.

TAPIOU, à part, venant de boire.

Cristi !… que c’est embêtant de boire du vin tiède !

LUCIEN.

Par exemple, je n’ai pas fait part de mon mariage à monsieur Bernardon, mon patron… Il me rase depuis un mois pour me faire épouser sa nièce…

L’EMPLOYÉ, derrière le guichet, appelant.

Monsieur Legozillard…

TAPIOU, appelant.

Monsieur Legozillard…

UN MONSIEUR, se levant de la table au coin à droite.

Présent !

LUCIEN, prenant sa place à la table à droite.

Ah ! voilà une place !… Faisons mon bordereau. (Écrivant.) 38,924 ; 38,925 ; malgré moi je pense toujours à ma prétendue… miss Jenny Ginginet… (Écrivant.) 38,926. (Parlé.) C’est un joli nom Ginginet… (Écrivant.) 38,927… Et elle a un teint… d’Anglaise… et des yeux !… 38,928… et une dot !… Deux cent mille francs… (Écrivant.) 38,929… et orpheline !… elle a à peine un oncle… monsieur Ginginet… qui l’a fait venir d’Angleterre pour la marier… il brûle de s’en débarrasser… (Écrivant.) 38,930… Dieu ! que c’est rasant de faire un bordereau… (Il continue à écrire. Jules Mésanges est entré depuis