Lorsqu’arriva la leçon de tricotage, toutes les petites à l’exception de Luce Galarneau avaient leur laine et leurs broches.
— Et toi, fit sœur Sainte Cadie, pourquoi n’as-tu pas ta laine ?
— Maman n’a pas pu m’en acheter cette semaine, répondit l’enfant.
— Une balle de laine ne coûte que cinq sous, cinq sous, fit la religieuse.
L’enfant sentit le reproche de pauvreté qu’on lui faisait.
— Il faudra que tu en aies la semaine prochaine, ajouta sœur Sainte Cadie.
Ce jour-là, la petite Luce dut se contenter d’écouter les explications et de suivre des yeux le travail de ses camarades.
— Maman, vas-tu m’acheter de la laine ? demanda Luce ? C’est demain vendredi, la leçon de tricotage, et la sœur m’a dit d’en apporter.
— Ma pauvre enfant, je suis absolument sans argent. Je n’ai même pas été payée pour ma journée d’aujourd’hui. Tâche d’attendre encore une semaine.
Le vendredi, Luce s’en alla a l’école le cœur bien gros.
— Où est ta laine, Luce ? fit sœur Sainte Cadie lorsqu’on fut arrivé à la leçon de tricotage.
— Je n’en ai pas, répondit timidement, d’une voix faible, l’enfant toute confuse.
— Bon, bon, il faut que tu fasses comme les autres. Attends un peu.
La religieuse sortit un moment de la classe. Elle revint tenant deux petits bâtons et une ficelle.