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VISAGES DE LA VIE ET DE LA MORT

Mon accès de fièvre calmé, lorsque je fus revenu à moi et que je vis cette ancienne à tête blanche, la jupe en désordre sur mon lit, lorsque je réalisai ce que j’avais fait, je fus saisi d’une honte indicible, inexprimable. Je n’osais envisager cette créature que j’avais violentée. J’avais tellement honte que j’aurais voulu que la terre s’entr’ouvrit pour m’engloutir, me cacher. Éperdu, je me jetai à genoux devant cette maternelle figure, lui demandant pardon. Alors, pendant qu’un bon sourire éclairait son visage encadré de cheveux blancs, elle me releva, me pressa dans ses bras et, avec un accent d’émotion dans la voix, m’embrassa en disant :

— Jeune homme, quand vous aurez mon âge, vous serez bien aise de trouver une fille de vingt ans dans votre lit.