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Arthur rosaire



Arthur Rosaire. C’est avec émotion et tristesse que j’écris ce nom. Avec émotion, car cet artiste a été l’un de ceux que j’ai le plus aimés, de ceux dont les œuvres m’ont procuré le plus vif plaisir, le plus délicieux enchantement ; avec tristesse, car je l’ai vu partir un jour, s’éloigner sans retour, parce que non seulement il n’avait pas trouvé ici l’appréciation voulue, mais parce que ses plus nobles efforts, ses plus beaux tableaux avaient été l’objet d’une injuste et absurde critique.

L’atmosphère de Montréal, il faut le reconnaître, n’a jamais été favorable aux artistes possédant quelqu’originalité. Cela a été démontré en plusieurs circonstances.

W. H. Clapp revint ici un jour après plusieurs années passées en France et en Espagne. Il exposa au Salon du printemps une demi-douzaine de toiles d’un coloris éclatant qui étaient un véritable enchantement. Ces paysages effaçaient les autres tableaux et les faisaient paraître ternes et froids. Tout le monde resta surpris en les voyant, tellement ils sortaient de l’ordinaire, mais la beauté, le mérite, la valeur de ces œuvres toutes vibrantes de lumière qui nous faisaient voir la merveilleuse terre d’Espagne ne furent pas reconnus. Pendant quelques années, Clapp persista encore à peindre des toiles d’un riche coloris mais ne rencontra nulle appréciation réconfortante. Dans cette atmosphère glaciale, l’art de Clapp s’anémia. Puis, découragé, l’artiste alla s’exiler à l’île des Pins, près de Cuba, puis à Los Angeles où il est encore aujourd’hui.