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tive de ses œuvres fut tenue à l′École des Beaux-Arts sous les auspices du gouvernement de la province de Québec. Ce fut là réellement le plus important événement artistique vu jusque-là dans la métropole. Sur les murs de la salle, l′on voyait 38 peintures et huit pastels, choisis parmi les principales œuvres de l′artiste. Cullen avait à ce moment 64 ans. Depuis vingt ans, il avait épousé la femme qu’il aimait, il avait son chalet de la rivière Cachée où il allait passer des mois chaque année, et il possédait à Chambly-Canton une maison agréable et confortable où il pouvait travailler en paix. C’était le bonheur. Mais il ne dura pas. La maladie terrassa ce vaillant artiste. Il languit pendant quelque temps, puis la mort vint le délivrer. Il s’éteignit le 26 mars 1934. J’assistai à ses funérailles à la chapelle Wray, rue de la Montagne. Son cercueil disparaissait complètement sous un amoncellement de fleurs. Tous les artistes de Montréal étaient là pour rendre un dernier hommage à celui qui avait été un camarade aimé et admiré, qui avait stimulé leur ambition et qui leur avait tracé la voie. Une cérémonie extrêmement simple, seulement de la musique en sourdine, la grave et dolente voix des orgues qui disait l’émotion de chacun. Pour finir, l’oraison funèbre du défunt avec citation de vers de Robert Browning.

Quand un homme a vécu sa vie, qu’il a réalisé son œuvre, que le groupe de ses amis fidèles vient lui dire adieu dans une noble et simple chapelle et qu’il s’en va aux lents accords d’une douce et plaintive musique que peut-il désirer de plus ?[1]


  1. Note. — M. William R. Watson, directeur des Watson Art Galleries, a publié en 1931 une élégante plaquette intitulée Maurice Cullen. Elle est le noyau d’un volume Maurice Cullen, his life and art qu’il complète actuellement.