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s’accordait à reconnaître qu’il était le meilleur de son groupe. Beau possédait à un haut degré le tempérament artistique, une vision aiguë et un grand sens de coloriste. En plus, il avait la ténacité, la persévérance. Jamais il n’abandonnait un tableau à moitié achevé parce qu’il n’avait pas réussi tout d’abord à obtenir l’effet qu’il cherchait. Je l’ai vu prendre le grattoir, le passer sur un portrait presque terminé qui ne le satisfaisait pas, anéantir ainsi le résultat d’une demi douzaine de séances et recommencer son travail à neuf. Ce peintre ne se contente pas d’à peu près. Il a au plus haut degré la conscience de son métier d’artiste et son ambition est de produire des tableaux aussi parfaits que possible. Il n’a que du mépris pour ces barbouilleurs qui escamotent la difficulté, pour ceux-là qui, par des trucs s’efforcent de donner le change aux experts, de conquérir la faveur du public. Pour lui-même, Beau est le plus sévère des juges. C’est pour cela que ses œuvres toutes de sincérité, sont appréciées et admirées par les vrais connaisseurs.

Après une dizaine d’années passées en France, Beau revint au Canada, ouvrit un atelier dans l’édifice de l’Institut Fraser et se mit résolument à l’œuvre. Environ deux ans plus tard, il se maria et alla s’installer au No. 2484, rue Sainte-Catherine, près de la rue de la Montagne.

Beau possède un talent très remarquable et, mûri par l’étude et le travail, il a abordé avec succès presque tous les genres : paysages, portraits, tableaux historiques, tableaux religieux, études de nus, etc. Jamais cependant il n’a cherché à créer des œuvres du terroir, à rendre le caractère, l’âme et l’aspect de son pays. Tout simplement, il peignait la beauté là où il la trouvait.

De 1901 à 1909 inclusivement, Henri Beau a été l’un des principaux exposants au Salon de l’Art Association. En 1901, il était représenté par sept envois : Printemps, Bruyères au soleil levant, Bruyères au soleil couchant, Dans les champs, Gardeuse d’oies, Forêt de Fontainebleau et Automne.

En 1905, Beau envoya au Salon quatre grands portraits de femme et deux autres tableaux dont l’un, Le pique-nique, était fort intéressant et heureusement composé. Ses portraits solidement brossés, d’une belle facture, peints avec goût, of-