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ment, laborieusement, pour traduire l’aspect des êtres et des choses, le peintre-poète Charles de Belle fait jaillir de son cœur et de son cerveau des visions de beauté qui ravissent l′âme et la font vibrer des plus pures joies que l’on peut connaître ici bas.

Poète, de Belle l′est à un degré extraordinaire et, à une époque de médiocrité, de non compréhension, de laideur dans presque tous les domaines, il a créé et continue de créer des œuvres qui sont comme la fleur du génie humain.

Ajoutons que les compositions de cet artiste ne possèdent pas une beauté passagère. Elles ont une beauté qui restera éternelle. Les modes et les écoles de peinture pourront passer et se succéder, mais aussi longtemps que la race humaine gardera un reste d’idéal, elle ne pourra qu’admirer et rêver devant les poétiques tableaux de Charles de Belle. Et aussi longtemps que des mères presseront des enfants dans leurs bras, les pures et séduisantes visions de l’enfance créés par cet artiste sauront émouvoir, attendrir et charmer tous ceux qui les contempleront.

Charles de Belle est né le 16 mai 1873 à Budapest. Ses parents habitaient Bude, l’ancienne ville, peuplée par les descendants des Huns et séparée de Pest par le Danube. Peintes de différentes couleurs, les maisons possédaient de grands jar­dins de roses avec des vignes et de beaux arbres, rendant le séjour dans cette antique cité fort agréable.

L’un des ancêtres maternels de de Belle, partisan de Kossuth, mourut sur l’échafaud pour la liberté, en 1848, lors de la révolution provoquée par le grand patriote hongrois. Le père de l’artiste était français. Sa mère Amélia, apparte­nait à une famille hongroise noble. C’était une chanteuse de talent, une musicienne accomplie, une admirable interprète des œuvres de Chopin. De Belle a toujours eu pour sa mère une grande vénération et a voué à son souvenir un culte que les années n’ont jamais refroidi. « Ma mère était une sainte et elle avait l’âme du Christ », me déclarait-il un jour. En une autre occasion, alors que je l’avais trouvé déprimé et malade : « Je serais heureux de mourir, car je retrouverais ma mère »,