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sive, d’une rare beauté. On ne peut la contempler sans émo­tion. Placée à l’entrée du cabinet de travail, tout à côté de la porte, cette figure vous accueille en entrant et elle est aussi la dernière image que vous voyez ; en sortant, la dernière impression que vous emportez, en vous en allant. Laliberté n’aurait-il créé que cette tête, son nom mériterait de passer à la postérité comme celui d’un maître.



VANITÉ DES VANITÉS, FIGURE ALLÉGORIQUE
PAR LE SCULPTEUR LALIBERTÉ


LE SEMEUR
BRONZE PAR LE SCULPTEUR LALIBERTÉ


C’est le grand désir de l’artiste que sa maison et son ate­lier de la rue Sainte-Famille, numéro 3531, deviennent un jour un musée, le musée de sa ville. Il n’est pas douteux que ce rêve se réalisera. C’est là qu’il a vécu, c’est là qu’il a créé son œuvre. Son atelier est peuplé de mille figures qu’il a modelées, auxquelles il a donné la vie. Les unes sont en plâ­tre, d’autres en bronze. Il y a aussi un grand nombre de terres cuites. C’est toute une vie d’artiste, c’est l’œuvre d’un travailleur fécond, infatigable que l’on trouve dans ce vaste logis de la rue Sainte-Famille. Le catalogue de ses créations remplirait plusieurs pages de ce livre.

D’un caractère noble, généreux, Laliberté a non seule­ment toujours su reconnaître les services rendus, mais on n’a jamais fait appel en vain à sa générosité en faveur des misé­reux et des déshérités. En plusieurs circonstances, il a donné pour des ventes de charité ou des tombolas, des bronzes va­lant au bas mot cent cinquante dollars. Quel millionnaire en aurait fait autant ? Sa grande joie a été d’aider, dans la me­sure de ses moyens, les artistes dans le besoin. Se rendant compte de ce qu’un peu d’encouragement peut parfois accom­plir pour stimuler un camarade, Laliberté a systématiquement acheté des tableaux de la plupart des peintres canadiens, même lorsque sa bourse était plutôt légère. Sa collection se compose de plus d’une centaine d’œuvres. Non seulement La­liberté est d’une rare générosité, mais il possède en outre une extrême délicatesse. En une circonstance, alors que je lui parlais d’un peintre qui se trouvait à ce moment dans une passe plutôt difficile, il me dit qu’il lui achèterait volontiers un tableau. Il me pria toutefois de l’accompagner chez ce dernier pour servir d’intermédiaire, « car, dit-il, je ne veux pas qu’il soit question d’argent entre nous deux. Personnellement, je ne veux pas de transaction. Vous vous chargerez ; de la