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sujets qui ont été coulés en bronze et qui, achetés par le gouvernement provincial, ont été placés au Musée de la province de Québec, dans la vieille cité de Champlain.

Cette série de figures sculptées par Laliberté se divise en trois classes : Métiers, Coutumes et Légendes d’autrefois.

C’est toute l’histoire des fondateurs du pays, des défricheurs, des modestes artisans qui ont colonisé et développé la vieille province de Québec que l’on voit dans ces types que Laliberté a tout d’abord modelés dans la glaise avant de nous les présenter dans le bronze immortel. Cette galerie de portraits de nos ancêtres est un précieux patrimoine que l’artiste lègue aux générations futures.

Laliberté est arrivé au bon moment. Avec l’âge de la mécanique, avec le règne des machines, tous les métiers manuels d’autrefois, ces métiers si pittoresques, si intéressants, qui composaient la vie des populations rurales, sont disparus, ne sont plus qu’un souvenir qui va s’effaçant rapidement. Laliberté qui a eu l’occasion de voir les derniers représentants de ces métiers et qui a lui-même manié une foule d’outils, les a fait revivre dans l’admirable série de figures qui sont exposées au Musée. Le premier sujet de la collection, le premier exécuté par l’artiste est le Semeur. Le dernier terminé le 23 juin 1931, veille de la Saint-Jean-Baptiste, est le Vaisseau Fantôme de Roc Percé.

Laliberté était bien l’homme qu’il fallait pour modeler les portraits de ces patients, courageux et modestes travailleurs qui ont fondé et développé les paroisses et villages de la province. Enfant du sol, fils de la terre, Laliberté a été à même dans son enfance, de voir et d’observer les coutumes et les métiers qui lui ont inspiré sa vocation et qu’il a ensuite fait revivre dans le bronze. Laliberté est né à Sainte-Élisabeth de Warwick, comté d’Arthabasca. Son père qui avait tout d’abord été bûcheron et qui avait travaillé dans les chantiers, devint cultivateur et s’acheta une ferme. Malheureusement, la maladie vint, l’empêchant de vaquer aux durs travaux des champs. Il se décida à vendre sa terre pour acquérir un moulin à carde, un moulin à farine et un moulin à scie. À ce moment, le futur artiste, l’aîné de la famille, avait douze ans.