tourner chez lui à Rochester et se terrer dans sa maison. Il passa au bureau de la pension.
Une corpulente vieille dame à cheveux blancs, aux yeux bleus et avec un teint coloré, était assise derrière le comptoir, lisant une lettre. Comme l’homme s’avançait, elle déposa devant elle le feuillet qu’elle était à parcourir.
— Je voudrais régler ma note, fit le visiteur en sortant de la poche intérieure de son veston un portefeuille dans lequel il prit un billet de banque de $5 qu’il tendit à la dame.
Quel nom ? interrogea-t-elle.
— Philémon Massé.
À ce nom, sa figure prit une expression étonnée. Elle était là regardant l’homme devant elle et scrutant ses traits. C’était comme si on lui annonçait une chose incroyable.
— Philémon Massé, de Formont ? interrogea-t-elle enfin après un moment de silence.
Massé prit à son tour un air extrêmement surpris.
— Mais oui, répondit-il, mais il y a longtemps que je ne demeure plus dans ce petit village. Vous voyez par votre registre que j’habite à Rochester.
— Évidemment, vous ne me reconnaissez pas, vous ne vous rappelez pas de moi, déclara la vieille dame qui paraissait maintenant toute remuée.
Massé examinait la figure qui était là devant lui, cherchant à y mettre un nom.
— Avez-vous oublié Isobel Brophy ?
— Isobel Brophy. Est-ce bien vous qui êtes là devant moi ?
Ils se regardaient face à face cherchant à retrouver l’image qu’ils avaient gardée l’un de l’autre. Mais le temps avait lentement déformé leur figure, changé leurs traits,