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LE DESTIN DES HOMMES

l’enseigne : Everet’s Home for Tourists. Alors, d’un pas lourd, il gravit les degrés de l’escalier, poussa la porte et entra. Un homme d’une quarantaine d’années était debout derrière un comptoir.

— Je désirerais une chambre, annonça Massé.

— Veuillez vous inscrire ici, fit l’homme en lui désignant le registre.

Puis, il frappa sur un timbre. Une jeune fille apparut.

— Conduis monsieur à la chambre numéro 9, ordonna-t-il, en lui remettant une clé accrochée à un tableau. Le souper est à six heures, informa-t-il l’étranger.

Philémon Massé se jeta sur le lit. Ses membres se détendirent, mais sa tête posée sur l’oreiller ne pouvait trouver le repos. Après avoir tant désiré voir son fils, il s’en retournait plus malheureux que jamais. À cette heure, il réalisait que pour Victor, il était déjà mort depuis longtemps. Soudain, il s’endormit, mais il se réveilla un peu plus tard. Sa montre indiquait 6 h. 30. C’était le temps d’aller souper. Il descendit dans la salle à manger où une douzaine de personnes étaient déjà attablées. Une jeune femme lui indiqua une place. Après avoir péniblement et sans goût avalé quelques bouchées, il se leva et, sous les regards étonnés des autres pensionnaires, remonta à sa chambre.

— Il doit être malade, remarqua une vieille dame à sa fille.

— Il a peut-être pris quelques verres de trop et il a mal à la tête, répliqua la jeune personne.

Il était bien neuf heures lorsque Massé descendit pour déjeuner le lendemain. Il avala une tasse de café puis se leva de table.

Décidément, il n’avait pas le cœur à manger. La vie était trop amère. Ce qu’il voulait maintenant, c’était re-