désespoir. Tout était devenu noir pour elle. Sa vie était gâchée, finie. Son fabuleux bonheur avait sombré parce que son destin le voulait ainsi. Mais elle-même ne s’accusait pas, ne se rendait pas compte qu’elle avait été le propre instrument de son malheur. Au contraire, elle avait le sentiment qu’elle était la victime d’une injustice sans nom, comme l’innocent qui serait condamné à mort. Sa raison chavirait. Irrémédiablement perdue. Voilà ce qu’elle était. Et trop faible pour réagir, pour se révolter, pour se rattacher à la vie… Plus rien à faire. Alors, d’un pas chancelant, elle se rendit à la cuisine, ferma la porte, ouvrit les quatre clés du poêle à gaz et s’assit tout à côté dans une berceuse…
Lorsque les trois garçons revinrent du collège à la fin de l’après-midi, ils furent repoussés par une forte odeur de gaz en ouvrant la porte de la maison. Ils alertèrent un passant qui, ne voulant pas s’aventurer dans cette demeure remplie de poison, appela la police. Celle-ci pénétra dans la cuisine, ferma les clés du poêle. Assise dans sa chaise, la femme était morte. Comme M. Lemay arrivait à son tour, le fourgon de la morgue emportait le cadavre de sa femme. Il a été extrêmement surpris de cette tragédie qu’il n’a jamais pu s’expliquer. Mais six mois plus tard, il s’est remarié, épousant la jeune femme dont Simon parlait dans son journal, la mère du petit qui lui ressemblait si fort.