Page:Laberge - Le destin des hommes, 1950.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
LE DESTIN DES HOMMES

ces êtres chers, il vécut des minutes d’une félicité surhumaine.

À l’heure de la procession, le jeune prêtre enleva la chasuble et revêtit la large chape blanche et or et, portant l’ostensoir renfermant l’hostie, sortit lentement du temple précédé du porte-croix et des deux acolytes. Derrière ceux-ci venaient les petites filles en voile blanc, les jeunes garçons portant l’insigne de leur première communion, les enfants de Marie, les dames de sainte Anne, les ligueurs du Sacré-Cœur, les paroissiens, les chantres, les enfants de chœur avec les porte-flambeaux et le thuriféraire.

Le célébrant marchait sous le dais porté par les trois marguilliers et par son père à qui cet honneur avait été spécialement accordé pour la circonstance. Tout en arrière venait le sacristain avec l’ombrellino.

Le cortège passa dans les quatre rues du petit village où chaque maison avait été décorée d’images de piété accrochées à la façade, de bouquets de fleurs des parterres, disposés dans des vases sur des tables. L’on respirait une atmosphère d’allégresse et de piété. Et de la foule montait un concert de prières, d’actions de grâce. Lorsqu’on arriva au reposoir orné avec un soin tout particulier devant la résidence du maire, ce fut un moment solennel. Après le Cor Jesu et le Tantum ergo, lorsque le prêtre élevant l’ostensoir traça une croix dans l’air et qu’il vit toutes les têtes s’incliner devant la majesté de Dieu, il éprouva une félicité céleste.

Lentement, la procession prit le chemin du retour à l’église. Le jeune prêtre avait l’impression que le Dieu qu’il portait dans l’ostensoir répandait ses bénédictions sur cette foule d’âmes simples et profondément croyantes. Au chant grave des hymnes, l’on rentra dans le temple. Le cé-